Zemmour, fort de ses ralliements, se rapproche du second tour
(J-49) Après plusieurs mois d’intense couverture médiatique, le polémiste continue sa poussée dans les sondages, jusqu’à déjouer tous les pronostics.
Zemmour capitalise sur les ralliements et les coups de mou de Valérie Pécresse et Marine Le Pen
Au début de cette nouvelle année, la campagne d’Eric Zemmour faisait pourtant grise mine : sondages en baisse après une fulgurante ascension, parrainages à la traine, bref une campagne dont la dynamique se mourrait. Mais depuis, les nuages noirs qui flottaient au dessus de sa candidature se sont décalés au-dessus des candidatures de Valérie Pécresse et Marine Le Pen.
La candidate des Républicains, Valérie Pécresse, donnait dimanche dernier son premier grand meeting de campagne, près de Paris. L’évènement, présenté comme l’évènement de relance d’une campagne à la peine s’est soldé par un échec conséquent. Un naufrage selon les commentateurs. La candidate des Républicains n’a pas réussi la transformation nécessaire pour convaincre les électeurs. Mise en scène solitaire, discours mou et intonation décalée : déjà sur la forme, le discours de Valérie Pécresse semblait à côté de la plaque. Mais sur le fond, plus grave, la candidate a semblé tiraillée entre les différentes idées des éléphants de sa famille politique. La mention de la théorie du Grand Remplacement, idée phare de Renaud Camus, théoricien d’extrême droite, a choqué la partie gaulliste des militants LR, qui se sont trouvés en porte-à-faux avec leurs convictions.
Les nouveaux ralliements de maires LR de cette semaine ont porté un coup supplémentaire à la campagne de la candidate. De plus, l’absence remarquée et répétée de l’ex-Président de la République Nicolas Sarkozy, toujours respecté à droite, représente un obstacle de plus dans sa conquête de l’Elysée. Elle traduit les doutes de sa famille politique sur sa capacité à remporter le scrutin en avril prochain.
Marine Le Pen, elle-aussi souffre. Il faut dire qu’Eric Zemmour la pilonne. Une femme de gauche. On a même accusé Marine Le Pen de femme de gauche. Sans blague. C’est dire si les temps ont changé. Le polémiste d’extrême droite a su, au fil de sa campagne, rallier à lui les éléments les moins à l’aise dans celui de la fille de Jean-Marie Le Pen. Après Gilbert Collard et Jérôme Rivière, et bientôt Marion Maréchal, Eric Zemmour débauchait cette semaine Nicolas Bay, influent proche de Marine Le Pen et vice-Président du Rassemblement National, député européen médiatique et relais en Normandie. Un départ qui était pressenti depuis plusieurs semaines. A Madrid déjà, Nicolas Bay avait montré son embrassement quant à son soutien envers la candidate. Cette semaine, l’accusant d’être une taupe Zemmourienne au sein du RN, Marine Le Pen mettait à la porte Nicolas Bay. Aussitôt renvoyé, Eric Zemmour l’accueillait au sein de Reconquête, son mouvement, et en faisait à son tour son vice-Président (un de plus). Plus encore, en l’honneur de son nouveau chef, Nicolas Bay accueillait ce weekend près du Mont Saint Michel un meeting du polémiste, avec vue sur le monument.
Tous ces éléments portent donc atteinte aux campagnes de deux femmes : Valérie Pécresse et Marine Le Pen, mais profitent à celle d’un homme : Eric Zemmour. Le polémiste jouit d’une nouvelle dynamique alors que ses concurrents agonisent. Le polémiste remonte progressivement dans les sondages. La chute de Valérie Pécresse à 12 ou 15% d’intentions de vote selon les instituts cette semaine, et la perte d’un point de Marine Le Pen, permet au polémiste de se qualifier pour le second tour en l’état actuel, en prenant la seconde place des intentions de vote selon la plupart des sondages. Officiellement donc, les trois candidats de droite sont dans un mouchoir de poche : potentiellement 1.5 point les sépare. Les marges d’erreur, encore importantes à ce stade de la campagne, ne permettent pas de dire clairement qui l’emporterait demain. Mais la dynamique actuelle profite, à coup sûr, au polémiste. Pour Eric Zemmour, l’enjeu est donc de continuer cette montée pour espérer affronter Emmanuel Macron au second tour. Si ce scénario l’emportait, ce serait la première fois que tous les partis traditionnels disparaitraient du second tour.
Emmanuel Macron candidat : il faut y aller maintenant
Cela fait maintenant longtemps que l’on en parle. Quand le Président de la République va-t-il annoncer sa candidature à l’élection présidentielle ?
Emmanuel Macron et ses équipes ambitionnaient de faire l’annonce mi-janvier. Décalée pour cause de covid. Puis la première semaine de février. Encore décalée, cette fois-ci, à cause de Vladimir Poutine, qui occupait l’agenda du Président en menaçant d’envahir l’Ukraine. Total : aujourd’hui le covid est toujours là, et Vladimir Poutine est toujours aussi menaçant.
Alors pendant ce temps, la majorité Présidentielle a inventé un nouveau concept : faire campagne, sans candidat. Ce qui donne lieu à des scènes plutôt cocasses sur le terrain. Avec Vous, le nom de la campagne, mais toujours sans lui. “Qui est votre candidat ?” demandent les passants. Pas vraiment de réponse de la part des militants, mais de nouveaux tracts, sur lesquels Emmanuel Macron apparait, de dos, tourné face aux français.
Médiatiser la campagne en attendant le candidat. Et puis médiatiser l’organisation de la campagne pour faire patienter encore. Cette semaine, de très nombreux contenus médiatiques ont joué sur la mystérieuse campagne présidentielle du Président de la République, son organigramme et ses relais, comme pour faire monter un peu plus encore la pression autour de sa candidature. Donner une impression de secret attise toujours l’attention. Cette semaine l’a encore prouvé.
Pour autant, maintenant, la question de la déclaration de candidature d’Emmanuel Macron se pose vraiment. Alors que la date limite est fixée à début mars, le Président pourrait se déclarer cette semaine. Sur la forme, rien ne semble encore décidé : interview à la presse régionale, vidéo sur les réseaux sociaux, ... En tous cas, pour l’heure, rien n’a encore fuité. Le seul scénario qui se dessine serait celui d’une annonce aux canaux multiples : permettant de toucher différents publics par différents supports. Chaque déplacement de cette semaine devrait donc être minutieusement suivi par les médias, qui vont guetter le moindre signe.
La gauche : concours de blagues ou campagne présidentielle ?
Que se passe-t-il à gauche ? Avons-nous perdu le contact avec ce pan historique de la politique française ? Après plusieurs mois de campagne laborieux pour les multiples candidats de gauche, la campagne semble plus mal engagée que jamais. Les surprises et revirements se multiplient, toujours pas au profit de la construction d’un projet commun.
Cette semaine, plusieurs évènements majeurs. D’abord, le coup de pression d’Anne Hidalgo au Parti Radical de Gauche. La formation de gauche avait prévu d’appeler ses élus à parrainer Christiane Taubira dans le cadre de cette élection présidentielle. Mais cette semaine, la Maire de Paris a fait miroiter de futures embargos politiques à cette formation, notamment pour les législatives, si les élus apportaient leur soutien à Christiane Taubira. Conséquence simple : le Parti Radical de Gauche, et avec, son pactole d’élus, a lâché l’ex Garde des Sceaux, la laissant à la traine dans la collection des parrainages. Christiane Taubira, dont les parrainages ne dépassent pas la centaine, devrait ainsi mettre fin début mars à sa campagne présidentielle. Sans les 500 parrainages requis pour pouvoir présenter sa candidature, elle ne sera pas en capacité de continuer son entreprise politique.
Cet épisode des parrainages, particulièrement médiatisé à l’occasion de cette élection présidentielle, devra néanmoins faire l’objet d’une importante réflexion dans les prochaines années. Il ne semble plus servir correctement le filtre pour lequel il a été conçu mais en priorité les partis politiques et leurs intérêts.
Enfin, deuxième évènement politique majeur à gauche cette semaine et pas des moindres : Ségolène Royal, candidate du Parti Socialiste de l’élection présidentielle de 2007, perdante face à Nicolas Sarkozy, a décidé de ne pas soutenir la candidate de son parti, Anne Hidalgo. L’ancienne ministre a salué le dynamisme de la campagne de Jean-Luc Mélenchon, selon elle, celle la plus capable de faire gagner la gauche en 2022.
Cette annonce est un coup de tonnerre pour son parti politique historique : le PS, et coup de couteau supplémentaire pour Anne Hidalgo, en manque cruel de soutiens de poids. Heureusement, François Hollande devrait lui apporter un soutien plus franc la semaine prochaine. L’ex Président de la République prévoit de prendre la parole au lendemain de l’annonce d’Emmanuel Macron pour en casser le bilan.
La semaine prochaine va être chargée. Alors que la course aux parrainages approche de son terme, Emmanuel Macron devrait se déclarer candidat et Eric Zemmour tentera une nouvelle percée vers le second tour.