Pécresse patine, Macron Poutine
La campagne de Valérie Pécresse peine à trouver une nouvelle dynamique
Elle avait su créer la surprise à droite en remportant en décembre dernier le vote des militants Les Républicains lors du congrès. Quelques semaines plus tard, la campagne de Valérie Pécresse semble s’enliser.
Il semble loin le sondage dans lequel Valérie Pécresse était donnée gagnante du second tour de la présidentielle. La candidate s’en targuait à l’époque, se présentant à tout va comme la seule candidature qui puisse battre celle du Président sortant.
Mais depuis quelques semaines, et en particulier ces derniers jours, la candidature de la Présidente de la région Ile-de-France connait un nouveau coup de mou : sondages en berne, ralliements qui se font attendre, peine à démontrer une vraie dynamique dans l’obtention des parrainages.
Les enquêtes roulantes de l’IFOP de cette semaine ont permis d’observer une nouvelle tendance. Placée deuxième dans les intentions de vote en décembre, Valérie Pécresse perd sa position de challenger. Créditée de 15% d’intentions de vote, elle repasse derrière Marine Le Pen, toujours à 17%, mais plus grave, elle se trouve au même niveau qu’Eric Zemmour, lui aussi à nouveau donné à 15%.
Pour la candidate, ce voisin de sondages est de mauvaise augure. Toute la semaine, la candidate a désormais bien pris le soin de distinguer “sa droite” de celle, extrême des candidats Zemmour et Le Pen,
Emmanuel Macron, toujours Président, pas encore candidat, bénéficie d’une nouvelle dynamique
Emmanuel Macron n’est officiellement toujours pas candidat. On en parlait dans notre semaine de campagne de dimanche dernier : le Président avait décidé officieusement de retarder l’annonce de sa candidature en raison de la crise internationale en Ukraine et la persistance des risques sanitaires liés à Omicron.
Cette semaine, sans surprise, le Président de la République ne s’est pas non plus officiellement lancé dans la course présidentielle, toujours mobilisé sur des terrains multiples. Interrogé sur le sujet, il a pris le soin de détourner la question, une nouvelle fois.
Mais derrière le Président de la République, tout le mécanisme de la campagne électorale est passé à la vitesse supérieure. En Marche avait déjà pré-lancé une communication d’ampleur avec l’opération Avec Vous, conduite partout en France et sur les réseaux sociaux.
Cette semaine, un peu plus de concret est venu conforter la crédibilité de la future candidature du Président de la République. Pour temporiser, la République En Marche avait décidé de mettre en scène le ralliement de très nombreuses personnalités politiques. Parmi les ralliements les plus retentissants, celui du sarkozyste Eric Woerth, Président de la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale, qui a jugé dans une interview accordée au parisien qu’Emmanuel Macron était le plus légitime dans la compétition. L’ancien ministre a mis en avant la nécessité de donner cinq ans de plus au projet d’un Président empêché par les circonstances de crises exceptionnelles. Plus surprenant, Eric Woerth a pris ses distances avec sa propre famille politique : les Républicains après les prises de positions surprenantes des membres de son parti ces dernières semaines.
Parmi les autres personnalités qui ont rallié le Président de la République cette semaine, de nombreux maires LR de droite et anciens ministres. Pour balancer avec cette arrivée massive de soutiens de droite, la République en Marche devrait mettre en scène dans les prochaines semaines les ralliements de plusieurs figures de gauche : dont l’ex Président socialiste de l’Assemblée Nationale Claude Bartolone.
Pour se détacher de cette image de Président profiteur de la logistique de l’Etat pour lancer sa candidature, Emmanuel Macron mise sur les initiatives de son allié de 2017 : le MODEM. La formation politique de François BAYROU a en effet assuré cette semaine être prête à parrainer les candidats en difficulté dans l’obtention des parrainages, y compris les extrêmes, au nom de la bonne tenue du débat démocratique. Un mouvement fair-play donc.
La gauche au point mort : bientôt l’heure des abandons ?
Même si ça n’est pas une nouveauté dans cette campagne électorale, la gauche se trouve une fois de plus cette semaine au point mort. Mais à moins deux mois du premier tour la situation est alarmante.
Pour les candidats d’abord, cette incapacité à susciter une dynamique viable est une immense épine dans le pied. Comment justifier la pertinence d’une candidature après plusieurs mois de sondages en berne ? Au fil des interviews, les arguments apparaissent de plus en plus faibles.
Pour les partis et plateformes politiques qui soutiennent les candidats, la situation est vertigineuse. Faire moins de 5% au premier tour ne permettrait pas aux partis de voir les frais de campagne remboursés. Une situation impossible par exemple pour le Parti Socialiste, déjà au bord de l’implosion budgétaire.
Alors dans leurs rangs, les candidats de gauche s’organisent. Anne HIDALGO multiplie encore et toujours les déplacements en région, espérant séduire de nouveaux électeurs. De son côté, malgré sa victoire à la Primaire Populaire, Chrisitane TAUBIRA réfléchit déjà à abandonner sa candidature. Sans fonds, sans parti, et créditée, comme Anne Hidalgo, de 2.5% d’intentions de vote, l’ancienne ministre de la justice ne peut que constater l’échec actuel de sa candidature. Ces derniers jours, les rumeurs se faisaient de plus en plus insistantes sur de potentielles discussions avec l’équipe de Yannick JADOT. Christiane Taubira pourrait annoncer un ralliement à l’écologiste si les éléments phares du programme de cette dernière étaient repris. En tous cas, toujours sans structure partisane, et loin dans la course aux parrainages, la candidature Taubira semble prête à être terminée.
Jean-Luc Mélenchon continue cette semaine une lente progression, à 10.5% dans les derniers sondages. Comme son équipe l’a déjà indiqué, les Insoumis comptent sur les dernières semaines de campagne pour convaincre les français.
A gauche, seule la candidature de Fabien Roussel semble se dérouler comme prévu. Le candidat du parti communiste surprend toujours par son franc-parler, une dynamique intéressante et un ton moderne qui vient rajeunir les rangs du PC. Son meeting de dimanche dernier, à Marseille, était un succès, même si les drapeaux communistes étaient peu nombreux à flotter parmi la foule. Roussel réussit ainsi son entreprise : parvenir à se détacher de l’image vieillissante du parti communiste et proposer une candidature neuve à gauche.
La semaine prochaine viendra voir la pression s’accentuer davantage sur les candidats à la peine dans les parrainages. Du côté du Président de la République, de nouveaux ralliements devraient faire du bruit.