Le match de boxe Mélenchon-Zemmour fait carton plein
Jeudi soir, BFMTV diffusait en prime time un combat de boxe, politique bien-sûr, entre deux personnalités radicalement opposés : Jean-Luc MELENCHON, et Eric ZEMMOUR. Le rendez-vous, annoncé la semaine précédente, s'inscrit dans le cadre de la promotion du dernier livre du polémiste, La France n'a pas dit son dernier mot (Septembre 2021).
Sur le fond, ce "débat" dénote avec les codes classiques de cet exercice, et ce, en particulier du fait des postures adoptées par les deux protagonistes. Les téléspectateurs ont pu y voir un Jean-Luc MELENCHON fidèle à lui-même et à l'attitude qui lui avait offert un beau score en 2017 : un candidat énervé, souvent offensé et impulsif : une attitude qui avait convaincu une gauche plus extrême. Dans les positions avancées ce soir-là, on relèvera la tentative exagérée d'accaparement de la défense des musulmans en France par le chef de file des Insoumis. Jean-Luc MELENCHON entend s'inscrire à gauche toute, et rogner sur les voix d'EELV, en adoptant tantôt des positions écologiques fermes et un discours sensible aux courants idéologiques à la mode.
Du côté d'Eric ZEMMOUR, la posture adoptée est plus surprenante pour un tel exercice, mais somme toute logique. La chaîne s'est d'ailleurs heurtée à un problème : comment présenter le personnage désormais ? Simple polémiste ou véritable acteur du débat politique comme l'a requalifié il y a quelques semaines le CSA ? Eric ZEMMOUR joue sur les deux. Le polémiste sait que s'il veut progresser dans les sondages, il doit avant tout conforter son image d'intellectuel auprès du grand public avant de basculer dans un rôle plus politique. C'est pourquoi, tout au long du débat, il n'a cessé d'avancer références historiques, thèses d'auteurs, et d'évoquer ses lectures pour argumenter son propos. On relèvera que pour évoquer sa vision, ZEMMOUR évoque son "projet", mais assure ne toujours pas avoir pris sa décision d'être ou de ne pas être candidat.
Sur le ring ce soir-là, on relèvera deux K.O : Maxime SWITEK et Aurélie CASSE. Les deux journalistes, censés animer le débat, étaient inexistants toute au long de la soirée, peu pertinents sur leurs interventions, mauvais dans la répartition de la parole, n'ont apporté aucune correction aux propos (souvent approximatifs) évoqués. De plus, la séquence de fact-checking organisée à posteriori par la chaine sonne creux, après un débat au débit important et aux multiples affirmations. La chaine peut tout de même se réjouir du succès de ce programme, qui a rassemblé près de 4 millions de personnes (19% de part de marché), devant la série du soir de TF1.
La droite peine toujours à s'accorder
Officiellement, tous seront réunis à l'issue de la compétition interne, mais en attendant, c'est toujours autant le capharnaüm chez Les Républicains. Pour Xavier BERTRAND, avis de tempête. Le candidat hors-cadre tente toujours de rafler le soutien du parti autour de sa candidature. Cette semaine, le Président de la Région Hauts de France, a rendu visite au parrain de la droite, Nicolas SARKOZY, qui a trouvé le temps de le recevoir à déjeuner dans ses bureaux entre deux séances de dédicaces. BERTRAND, qui avait fait venir la presse devant chez SARKOZY pour médiatiser le moment, a mal joué son coup. Conscient de la tentative de manipulation médiatique de son ancien ministre de la Santé, Nicolas SARKOZY a expédié le déjeuner, et fait ressortir Xavier BERTRAND bien plus tôt que prévu devant les caméras.
Valérie PECRESSE tentait elle-aussi d'exister médiatiquement cette semaine, en participant à la nouvelle émission politique de France 2 dédiée à la Présidentielle : Elysée 2022. L'émission, diffusée le même soir que le débat Zemmour-Mélenchon, n'a attiré qu'un million de téléspectateurs (5% de part de marché).
Les partis traditionnels abandonnent l'idée des primaires
Alors que le principe d'une primaire était désormais acté à droite comme à gauche, les partis traditionnels ont finalement changé d'avis.
Ni le Parti Socialiste, ni Les Républicains n'organiseront finalement de primaire. Côté PS, c'est lors du Congrès du parti que la décision de soutenir Anne HIDALGO a été prise, coupant l'herbe sous le pied à Stéphane LE FOLL, entré dans la course pour faire du tort à la Maire de Paris. Du côté de LR, les adhérents désigneront le candidat à la Présidentielle la semaine du 4 Décembre lors d'un congrès numérique. Un vote à petite échelle à l'issue toujours aussi incertaine.
En Marche organise progressivement sa campagne
Même si Emmanuel Macron ne se déclarera pas candidat tout de suite, autour du Président de la République, les appareils s'organisent pour préparer sa réélection.
Pour l'heure, l'Elysée laisse le parti mettre en place une sorte de demande de la base militante. Comme si le parti appelait à la candidature du Président. Sur le terrain, cette opération a déjà commencé. Partout en France, les comités distribuent des tracts ventant le bilan du Président dans divers domaines. Ces tracts, estampillés "5 ans de +" invitent à souhaiter la réélection du Président de la République, à la façon du "four more years" américain, scandé par la foule lors de la réélection du Président américain.
Pour appuyer la future candidature d'Emmanuel MACRON, le parti présidentiel s'organise, voire se réorganise. Les équipes du futur candidat ont compris que faire campagne sur la seule marque En Marche était trop risqué. C'est pourquoi un nouveau parti devrait émerger dans les prochaines semaines, la fameuse "maison commune" rassemblant En Marche, le Modem ainsi que les diverses tendances de la majorité : Territoires de Progrès, La République Ensemble, Agir, ...
Edouard Philippe, qui compte jouer un rôle dans la seconde partie de cette année électorale, notamment lors des législatives, s'apprête lui aussi à fonder son propre parti. Appelant à construire "une nouvelle offre politique", il lancera son propre mouvement le 9 octobre depuis le Havre. Ce dernier devrait soutenir ultérieurement la maison commune présidentielle, tout en restant relativement à distance pour conserver du crédit en prévision de 2027.
L'image de la semaine
Edouard Philippe franchit le pas, toujours avec Gilles Boyer. On ne change pas une équipe qui gagne.