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‎La semaine politique : Le retour de l’hyper-Président sur Apple Podcasts
‎Afficher La semaine politique, ép Le retour de l’hyper-Président - 20 mai 2023

Cela faisait pourtant bien longtemps qu’il avait remisé ce costume au placard. Mais pourtant, Emmanuel MACRON a semblé endosser à nouveau son costume d’hyperprésident au cours des derniers jours.

Etre partout, tout le temps

Depuis quelques jours, Emmanuel MACRON est partout. Cela fait désormais presque une dizaine de jours sans qu’il ne se passe une journée sans apparition présidentielle remarquée.

Il faut dire que la demande était forte. Tout au long de l’interminable séquence de la réforme des retraites, le Président de la République était resté très discret. Très peu d’interventions, peu de considération montrée même pour les sujets sociaux, Emmanuel MACRON était apparu détaché, concentré sur les questions internationale plus que sur le bouillonnement de la situation française.

Mais les équipes du Président de la République ont décidé d’une toute autre approche, radicale après ce passage à vide : être partout, tout le temps, sur tous les sujets. Les équipes présidentielles ont raison : le moment politique se prête à cette stratégie. Comme nous l’indiquions dans l’épisode de la semaine dernière, le discours des oppositions ne parvient pas à saisir des enjeux plébiscités par l’opinion, c’est donc l’occasion rêvée de ratisser large et de s’attribuer tous les sujets.

Ré-industrialisation

Le premier d’entre eux : c’est la ré-industrialisation. Emmanuel MACRON voulait sortir de cette crise avec un sujet positif, sur l’environnement si possible, et sur l’emploi. La ré-industrialisation lui permet de joindre les deux objectifs. Re-développer une industrie locale, donc plus verte que les chaines de valeur mondialisées tout en créant massivement des emplois sur le territoire français.

Cela faisait des mois que Roland LESCURE, le ministre délégué chargé de l’Industrie préparait ce plan. Tant pis pour le moment de gloire, c’est au Président de la République qu’est revenu le privilège de faire ces annonces depuis la salle des fêtes de l’Elysée.

Sur la forme, Emmanuel MACRON la joue en grand plannificateur moderne. Présentation interactive, accompagnée d’un écran led géant animé, sur lequel s’affiche des illustrations claires de son propos. L’idée : présenter un Président super à l’aise, prêt à dévoiler la feuille de route qu’il a lui même dessiné pour le pays.

Sur le fond, on retiendra les 4 piliers de cette politique de réindustrialisation française :

  • l’ambition de restaurer la compétitivité française
  • l’objectif de diffuser cette réindustrialisation dans les territoires
  • la nécessité de coordonner nos efforts avec les voisins Européens
  • et la capacité de la France à attirer toujours plus d’investissements étrangers.

Ce volet ré-industrialisation est donc pertinent dans la période. Il ouvre de nouvelles perspectives sur l’emploi, par procuration sur l’écologie et touche un sujet sensible : celui de tous ces territoires, en particulier dans le Nord et l’Est de la France qui se sont progressivement désindustrialisés ces 40 dernières années. C’est aussi important, parce que ce thème, le retour d’un industrie nationale, émane de l’ADN politique d’Emmanuel MACRON. Le Président de la République tient cette même ligne depuis 2017 : baisser le chômage en créant davantage d’emplois. Retrouver un peu de cohérence ne fait décidemment pas de mal.

Choose France

Dans la foulée, Emmanuel MACRON a prolongé cette séquence par l’organisation du sommet Choose France, à Versailles, afin d’y recevoir plusieurs centaines de grands patrons d’entreprises. L’objectif était simple : promouvoir les réformes du travail et les chantiers sur l’industrie pour attirer les investisseurs étrangers.

A la clé de cet évènement, Emmanuel MACRON sort encore gagnant : plus de 13 milliards d’investissements annoncés sur le territoire français, et donc plusieurs milliers d’emplois à la clé.

Pour le Président de la République, ce titre, de pays le plus attractif d’Europe en matière d’investissements étrangers, est un véritable totem de réussite, dont il a bien compris qu’il pouvait s’en saisir pour se venter.

Jusqu’à présent, la séquence présidentielle était donc cohérente.

Mais le Président de la République qui a compris que l’attention n’était focalisée sur personne d’autre que lui-même, en a profité pour s’exprimer sur d’autres sujets.

Ukraine

La veille du sommet Choose France, Emmanuel MACRON annonce en dernière minute une visite surprise de Volodymyr ZELENSKY, qui effectuait une nouvelle tournée en Europe. Le Président Ukrainien est reçu à l’Elysée à dîner, l’occasion pour Emmanuel MACRON de lui réaffirmer son soutien, et de prendre de nouveaux engagements de taille vis à vis de l’Ukraine : à savoir la fourniture de nouveaux matériels militaires, mais surtout, la formation de pilotes de chasse sur des Mirage 2000, première étape vers une future potentielle donation d’avions de combat à l’Ukraine.

Une annonce importante, décisive peut-être dans le soutien français à l’Ukraine, mais pas la seule de cette même interview. Après avoir des annonces sur la guerre, sur la réindustrialisation, sur les investissements étrangers en France, Emmanuel MACRON a pris tout le monde en annonçant par surprise 2 milliards de baisse d’impôts d’ici la fin du quinquennat pour les classes moyennes. L’objectif ? Tendre une nouvelle fois la main vers cette catégorie de la population pour tenter de tourner définitivement la page de la réforme des retraites.

L’annonce est bien jouée politiquement. Difficile pour les oppositions de s’opposer à une baisse d’impôts pour les classes moyennes. Mais une fois de plus, c’est le ton imprécis de cette annonce qui est à regretter : 2 milliards oui, mais 2 milliards pour qui exactement, qui représentent quoi sur une feuille d’impôts ? Et surtout, à quelle échéance, précise ? L’annonce était intelligente, mais le manque de précision a failli à couper l’herbe sous le pied des oppositions.

Une stratégie risquée

Pour Emmanuel MACRON, un risque pèse désormais : celui de l’épuisement. Non pas que la santé présidentielle inquiète outre-mesure, mais qu’à force d’enchainer les annonces, elles apparaissent moins extraordinaires les unes que les autres.

Le système médiatique est conçu d’une telle sorte qu’il se lasse vite, très vite.

Aussi, cette hyper-présidentialisation, focalise toute l’attention sur sa personne. Attention donc aux fausses notes, car le moindre pas de côté lui sera directement imputé, à lui seul.

Enfin cette phase nouvelle, vient débuter une nouvelle séquence : celle d’un recentrage. En recentrant toute la politique sur lui-même, Emmanuel MACRON annonce la couleur. Les 100 jours ne consistent pas une en phase d’apaisement mais peut être véritable en une 3e campagne, après celle éclispée de 2022.

Reste désormais à savoir si cette phase d’hyperprésidentialisation coutera sa place à Elisabeth BORNE.

Les lumières focalisées sur lui-même, Emmanuel MACRON n’a pas le droit à l’erreur. Plus que quelques semaines pour convaincre les français, qu’ils ont eu raison de lui donner 100 jours, pour se renouveler.