Eric Zemmour s'est officiellement lancé
Bien que sa candidature ne faisait plus vraiment de doute, le polémiste d'extrême-droite a "terminé sa mue" en officialisation sa candidature à l'élection présidentielle.
L'annonce de la nouvelle a pris la forme d'une double déclaration. La première, caricaturale, prenait la forme d'une vidéo Youtube, diffusée en direct mardi midi. Assis à son bureau devant une imposante bibliothèque, lisant sa déclaration devant un micro disposé comme en radio, Eric Zemmour s'est livré à une grossière imitation de l'appel du 18 Juin du Général De Gaulle. Sa façon à lui de rappeler un peu plus encore cette "filiation" idéologique qu'il entend mettre en scène pour attirer les électeurs de droite. Bien que le fond de cette allocution dise beaucoup de la campagne que va mener le polémiste : approximations en nombre, propos d'un autre temps, dramatisation de la situation française ; c'est davantage la forme qui a fait parler d'elle. En plus des images du polémiste, la vidéo diffusait de très nombreux extraits vidéos en rapport avec les propos du désormais candidat. Images d'actualité, extraits de films, d'émissions télé, de très nombreuses sociétés de productions ont retrouvé certains de leurs contenus utilisés dans ce clip de campagne, sans même avoir donné leur autorisation. De très nombreuses directions de ces sociétés ont d'ailleurs engagé des poursuites, à l'instar de Quotidien.
Faut-il voir dans ce clip la preuve d'un effarant amateurisme de la part de son équipe ou simplement une occasion supplémentaire calculée de se poser en victime d'un système qui essayerait de faire taire celui dont les idées sauveraient la France ?
Le soir-même, Eric Zemmour avait rendez-vous avec une audience plus grande encore en participant au 20H de TF1 durant lequel il a répondu aux questions de Gilles BOULEAU. L'objectif pour le polémiste ? Toucher un public plus large : des familles, des électeurs de droite traditionnelle et des personnes plus âgées que ses viewers Youtube, globalement plus jeunes. Mal-habitué à l'exercice de l'interview, le polémiste nouvellement candidat a montré quelques signes de faiblesse tout au long de cet entretien.
Gilles BOULEAU, qui avait saisi l'enjeu du moment, s'est voulu très incisif dans ses questions. Dès la fin de l'émission, le candidat et ses soutiens ont vivement critiqué le journaliste, qualifié de "procureur" voire même de "connard" par Eric Zemmour.
Enfin, pour clôturer cette grande semaine de lancement de sa campagne présidentielle, Eric Zemmour tenait dimanche un grand meeting à Villepinte, en Ile de France. Toute la semaine, son équipe a mis en scène l'attrait de son meeting aux yeux des français, indiquant avoir été obligé de louer une salle plus grande pour accueillir tous ses soutiens. Au final, sur les 15 000 personnes annoncées dimanche, le polémiste a rassemblé 11 000 français, un chiffre tout de même important pour un premier grand meeting.
Sur place, plusieurs enjeux attendaient le polémiste. S'afficher en compagnie de soutiens d'abord. C'est désormais chose faite, puisque Jean-Frédéric POISSON, candidat à la primaire de la droite en 2017, Christine BOUTIN ou encore Jacline MOURAUD se sont affichés dimanche à ses côté. Outre les soutiens, le candidat devait faire la première démonstration d'une ligne. Là encore c'est chose faite. Eric Zemmour entend marcher dans les pas des populistes modernes. A l'image de Donald Trump, il s'est érigé en victime d'une système médiatique tout puissant, a prêché la haine des journalistes, une xénophobie assumée et une longue énumération de propositions conservatrices. Tout dans son discours promet de retrouver l'âme d'un pays prétendument agonisant, toujours en écho au slogan du retour de la grandeur de l'Amérique promis par Donald Trump.
Outre la démonstration de force tentée par Eric Zemmour, ce meeting fut marqué par les nombreux débordements qui s'y sont produits. Avant même la prise de parole du polémiste, des journalistes ont dû être exfiltrés tant les attaques à leur encontre étaient violentes.
Les équipes de Quotidien ont ainsi été huées jusqu'à leur sortie. De même, des militants anti-racistes ont été fortement violentés par des partisans du polémistes.
Valérie Précesse, gagnante surprise du Congrès LR, première candidate de la droite à la présidentielle
C'était la grande surprise de cette semaine. Alors que Xavier Bertrand et Michel Barnier étaient attendus comme les vainqueurs de cette compétition interne à LR, c'est finalement la Présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, qui a remporté le soutien des militants. Pour la première fois de son histoire, le parti Les Républicains investit ainsi une candidate à l'élection présidentielle.
Outre sa victoire, c'est le candidat arrivé en deuxième position qui a également déjoué tous les pronostics. Le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti a remporté 39% des voix au second tour du Congrès. Un score surprenant, qui traduit de la radicalisation des militants LR, convaincus par la ligne extrême du député.
Les plus surpris ne semblaient pas être les deux finalistes de ce vote, mais bien les deux grands perdants du congrès : Xavier Bertrand et Michel Barnier, dont la défaite a pris de court tous les commentateurs. Xavier Bertrand (22,36%) se rêvait en "candidat naturel" de la droite, il échoue au final dès le premier tour de scrutin interne et met fin, comme promis, à ses ambitions politiques nationales pour se consacrer à la gestion de sa région.
Michel Barnier, longtemps présenté comme le challenger de cette campagne a lui aussi réalisé un bon score (23,92%), mais insuffisant tout de même pour se qualifier au second tour.
Tous les candidats perdants ont apporté leur soutien à Valérie Pécresse. Pour la présidente de la région Ile de France, cette victoire est immense. D'abord, parce qu'elle a pris de court les pronostics, ensuite parce qu'elle a remporté le vote face à 4 hommes et qu'elle devient ainsi la première candidate de la droite à la présidentielle.
Pour autant, sa campagne ne sera pas de tout repos. Eric Ciotti va tenter d'imposer sa ligne droitière jusqu'au scrutin. Dès le lendemain de l'annonce des résultats, il lançait d'ailleurs son propre mouvement appelé "A droite!" autour duquel il souhaite rassembler les militants LR les plus à droite du parti pour ainsi peser dans les débats internes. De retour dans le Sud, le jour suivant sa défaite, le député comptait d'ailleurs faire entendre sa ligne en critiquant d'emblée les premières prises de parole de Valérie Pécresse.
La majorité aussi souhaitait peser en cette semaine décisive
La République en Marche le savait. Cette semaine était décisive. Pour le parti présidentiel et ses dirigeants, pas question donc de compter aux abonnés absents.
Le 29 Novembre, réunis à la salle de la Mutualité à Paris, les soutiens du Président de la République, d'Edouard Philippe à François Bayrou, en passant par Richard Ferrand, Franck Riester, Barbara Pompili, Olivier Dussopt et bien d'autres, se sont réunis pour lancer "Ensemble citoyens!" : le mouvement central, la maison commune de la majorité présidentielle, censé préparer les enjeux électoraux de 2022 au-délà du strict cadre de la République en Marche. Ce soir là, tous les orateurs mettent en avant un objectif : travailler ensemble à la réélection du Président de la République.
Dans le même temps, Emmanuel Macron construisait lui-aussi cette opposition aux discours extrêmes en célébrant la Panthéonisation de Joséphine Baker. Dans un discours emprunt d'optimisme, célébrant l'universalisme français et les valeurs humanistes qui ont fait le socle de notre pays, il a terminé son propos par "Ma France, c'est Joséphine." comme une subtile opposition aux propos tenus plus tôt par Eric Zemmour.
Mélenchon tente de s'imposer dans l'océan de la gauche
Jean-Luc Mélenchon n'a pas voulu laisser toute l'attention à Eric Zemmour en ce dimanche. Le candidat de la France Insoumise organisait lui aussi un grand meeting en région parisienne, l'occasion de réaliser une démonstration de force alors que les candidats de la gauche peinent à émerger dans les sondages.
On relèvera une opposition frontale à Eric Zemmour à la fin du discours de Jean-Luc Mélenchon, qui en opposition aux propos du polémistes, a terminé son propos en clamant "Vive la France, et surtout Vive la République parce que sans elle il n'y a pas de France possible !". Ce clin d'oeil en dit long sur les différences idéologiques qui opposent les deux extrêmes.
La semaine prochaine sera intéressante dans la mesure où Valérie Pécresse fera très probablement l'objet de premiers sondages, et Eric Zemmour de réaliser ses premiers déplacements de candidat.