Montebourg n'est plus socialiste, mais même plus de gauche ?
C'est ce qui s'appelle avoir le sens du timing.
Arnaud Montebourg vient de rater en beauté une séquence qui aurait pu lui être grandement profitable. Cette semaine se tiendra à Paris, Porte de Versailles, le salon du Made In France, sorte de grand fête de l'entreprenariat français et de ses entreprises françaises qui veulent réussir. Tous les secteurs y seront réunis, dont ceux de l'alimentation, dont Arnaud Montebourg fait justement partie, lui qui s'était reconverti en entrepreneur dans le miel et les glaces après avoir quitté le Ministère de l'Economie en 2014. Cet évènement devait lui être grandement profitable, acquis même, lui qui s'est toujours vendu comme le gourou du "Fabriqué en France". Une opportunité en or pour relancer une campagne en manque de dynamique.
Mais le candidat de gauche a commis une bourde de premier plan qui l'empêche d'exister sur ce terrain-là. Invité du Grand Jury, l'émission politique sur RTL, dimanche dernier, Arnaud Montebourg a expliqué son intention de bloquer les transferts d'argent privé vers les pays refusant de rapatrier leurs nationaux clandestins sur le territoire français. Cette mesure visait notamment les populations immigrées du Maghreb dont les transferts de dime sont récurrents vers l'Afrique afin de palier aux dépenses de la famille restée sur place.
Patatras! Une fois l'interview terminée, tollé pour la proposition d'Arnaud Montebourg. Il s'avère que l'idée fut déjà suggérée par Marine Le Pen par le passé (depuis 2018). Mais voilà l'affaire qui s'enlise lorsqu'Eric Zemmour s'empresse de féliciter le candidat de gauche pour le bon sens de sa proposition : "En panne d’idées, Arnaud Montebourg a regardé en replay les vidéos de ma chaîne YouTube. Bravo Arnaud !". Pour le candidat-entrepreneur, la descente aux enfers ne s'arrête pas là. Dans la foulée, le mouvement de jeunesse constitué autour de ce dernier désavoue la proposition.
Pendant quelques jours, Arnaud Montebourg fait désormais profil bas. Il a depuis précisé que cette mesure, une "erreur", ne figurerait pas dans son programme présidentiel.
Bon du coup, c'est raté pour faire le beau au salon du Made in France.
Macron vraiment toujours pas en campagne ?
Le Président de la République s'est exprimé mardi soir. Officiellement, la parole présidentielle était attendue sur la flambée soudaine et surprise des cas de Covid-19 en Europe. Un sujet préoccupant, face auquel la Présidence a souhaité réagir rapidement, d'où cette prise de parole soudaine.
Alors qu'Emmanuel Macron n'avait pas prononcé d'allocution télévisée depuis juillet dernier, ce-dernier aurait été bien bête de se priver de cette occasion pour faire passer quelques messages politiques. Alors que la pré-campagne lancée depuis septembre vole relativement bas, le tapis lui était déroulé pour développer sa vision sur les sujets importants.
Au final, outre le point sur la situation sanitaire, relativement synthétique, le Président de la République a vanté les actions de ses Gouvernements sur le temps de son quinquennat. Amélioration du pouvoir d'achat, ré-haussement des ambitions écologistes françaises, résultats économiques positifs, relance, politique étrangère, ... Bref, le Président de la République a passé en revue les changements implantés sous sa présidence.
Une telle façon de procéder, d'ailleurs bien amenée, finit ainsi de lever les derniers doutes qui pesaient sur les intentions du locataire de l'Elysée. Oui, Emmanuel Macron sera candidat dans les prochains mois. Le Président de la République semble plus que jamais vouloir jouer sur le clivage qu'il s'est attaché à installer ces cinq dernières années : progressistes vs nationalistes.
La fin du discours, présentée comme un message d'espoir, en dit d'ailleurs beaucoup sur le ton qu'il adoptera lors de sa future campagne.
Mais regardez ce que nous avons réussi ces derniers mois en agissant ensemble. Unis. Nous avons réussi l’impensable. Alors je vous le dis avec beaucoup de conviction, n’ayons pas peur ! Croyons en nous ! Croyons en la France ! En une France qui reste elle-même. Forte de son histoire, de sa culture, de sa langue, de sa laïcité, de ce qui l’unit. Forte de son esprit de résistance à la dilution dans un monde qui va, à la soumission, aux dogmes, aux obscurantismes, au retour du nationalisme. Forte de sa volonté d’embrasser l’avenir et de continuer d’assumer sa part d’universel. Croyons en nous, nous le méritons !
Suite à ce discours, ses concurrents n'ont pas manqué de dénoncer un Macron "profiteur" des moyens présidentiels pour faire campagne.
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La politique française ... sans dessus-dessous.
Le dossier intéressant de la semaine
Brigitte Macron : l'influente : un intéressant dossier de M, le magazine du Monde, sur le rôle discret mais influent occupé par la Première Dame au sein du Palais de l'Elysée. À lire ici.