Cette semaine était attendue depuis longtemps à gauche. Une date décisive alors que les candidats attendaient avec impatience le verdict de la primaire populaire.
Fin du suspense : Christiane Taubira remporte la primaire populaire
Elle était pressentie pour être la grande gagnante de cette primaire populaire. Pourtant hésitante quant à sa candidature à la présidentielle, la Garde des Sceaux de Francois Hollande s’était officiellement déclarée à la mi-janvier, les yeux rivés sur le résultat de ce processus de désignation citoyen.
C’es désormais chose faite, Christiane Taubira a remporté le soutien de cette plateforme de gauche, dont le vote comptait près de 500 000 inscrits, beaucoup plus par exemple, que la primaire écologiste ou que le Congrès des Républicains de décembre dernier.
Alors, ce résultat est un coup de plus porté à la candidature de ses concurrents à gauche, déjà affaiblis par l’annonce de sa candidature. Officiellement, Yannick Jadot, Anne Hidalgo et Jean-Luc Mélenchon avaient annoncé ne pas tenir compte de ce résultat. Mais ce soutien populaire à Christiane Taubira renforce un peu plus encore leur responsabilité dans la division de la gauche.
Désormais, pour Christiane Taubira, l’enjeu est immense. L’équipe de la Primaire populaire l’a chargée de conduire l’union de la gauche, notamment au travers du “contrat de rassemblement” que la candidate devait signer à l’issue des résultats. Cet accord avec la primaire populaire devrait lui permettre de bénéficier d’une importante force de frappe constituée de militants et de fonds, nécessaires au décollage de sa campagne.
La Primaire Populaire indiquait plus tôt cette semaine que : “Si cette personne s’engage à inclure l’esprit du Socle Commun dans son programme et à favoriser pour le rassemblement, en signant notre contrat de rassemblement, alors nous ferons campagne pour qu’elle remporte la présidentielle.”
Les prochains jours seront l’occasion d’observer si la candidature de Chrisitiane Taubira bénéficie d’un nouveau souffle.
Avec vous, mais toujours sans lui
Cette semaine, les murs des grandes villes de France se voyaient décorés de centaines d’affiches floquées de la simple mention sur fond blanc “Avec vous”.
Pas de logo de partis politiques, pas même de nom de candidat, bref, ces affichent intriguent. Une seule mention sur le support :
“Découvrez la voix des françaises et des français et faîtes entendre la votre”. Sur le site internet de la campagne, toujours aucune mention visible de quelconque parti politique, mais des histoires, des témoignages de français, racontant leurs problématiques et les conséquences de la crise sanitaire sur leurs activités. Sur les réseaux sociaux, même procédé. Dans une vidéo partagée sur Twitter, des témoignages de français.
Alors en réalité, derrière cette campagne d’affichage mystérieuse se cache pourtant un mouvement politique : la République en Marche. Cette semaine, le parti présidentiel lançait officieusement une nouvelle étape de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, toujours pas officiellement candidat lui-même.
Alors la campagne n’est pas vraiment une surprise. Celui qui sera bientôt candidat se doit de commencer à communiquer, ou du moins, esquisser quelles seront les grandes lignes de son programme de réélection.
Sur le site, un premier message interpelle :
“tous ces candidats qui se réveillent aujourd’hui et ne parlent que d’eux-mêmes sont fatigants à se comporter comme si la vie quotidienne des Français n’était que le décor de la vie politique.”
Plus loin, le site de campagne fustige des politiques systématiquement contre et assume l’idée de vouloir porter un projet faire pour, avec les français.
Alors, évidemment, en creusant un peu, et en allant faire un tour du côté des mentions légales, oui, on y trouve la mention de La République en Marche, ainsi que le nom de son délégué général : Stanislas GUERINI.
Ce type de campagne, orientée sur les paroles des français, sur leurs problèmes et leurs témoignages vient rappeler le succès de la recette originale opérée par Emmanuel Macron en 2017 avec sa Grande Marche. Une sorte de réactualisation du concept qui avait servi à la constitution du programme victorieux du candidat. Pour le Président de la République, qui devrait donc récupérer cette plateforme à son compte après sa déclaration de candidature, ces témoignages constituent un outil de plus pour s’afficher proche des français et de leurs préoccupations.
Du côté de Marine Le Pen, nombreux sont ceux à quitter le navire
La trahison était d’abord politique. La semaine dernière, Eric Zemmour jubilait à Cannes en tentant de réaliser son grand projet d’union des droites et en annonçant le ralliement de Gilbert Collard et Jérôme Rivière, deux figures importantes du RN.
La trahison est depuis cette semaine familiale. Marion Maréchal, la nièce de Marine Le Pen, qui s’était pourtant retirée de la vie politique en 2017, a donné une interview fracassante au Figaro cette semaine. Dans le journal de droite, elle affirmait d’abord son intention de revenir dans le jeu politique. Mais à trois mois de l’élection présidentielle, elle a été invitée à se positionner quant à la candidature qui recueillait sa préférence parmi ses valeurs. A la surprise de sa tante, Marion Maréchal a affirmé son intention de suivre Eric Zemmour disposant selon elle de “la cohérence, la vision, et la stratégie” nécessaire à son soutien.
Coup de tonnerre au Rassemblement National, et dans le cercle proche de Marine Le Pen, qui voit cette perte de soutien d’un mauvais oeil. Invitée le lendemain de l’interview de sa nièce sur CNEWS, Marine Le Pen a joué la carte de l’émotion pour évoquer sa tristesse.
Mais la séquence cauchemardesque pour Marine Le Pen ne s’arrête pas là. En déplacement à Madrid pour rencontrer les leaders de l’extrême droite européenne, la candidate a dû faire face à de nombreuses questions quant aux défections en cours parmi ses équipes. Venue pour renforcer une crédibilité sur le plan international, la candidate a été rattrapée sur ses affaires internes. En effet, Nicolas Bay, figure de poids au sein du RN, était pressenti pour annoncer un ralliement à Eric Zemmour dans les prochains jours. Interrogé par BFMTV sur son soutien à la candidate, il n’a pas été en capacité de lui confirmer son appui pour les prochaines semaines.
Alors, du côté de l’équipe RN, cette déclaration a fait l’effet d’une bombe , obligeant Marine Le Pen à prendre la parole à ce sujet.
Les prochaines semaines devraient être l’occasion de nouvelles défections pour Marine Le Pen, et par conséquent de nouveaux ralliements pour Eric Zemmour.
Au cours de la prochaine semaine de campagne, la gauche devra s’interroger sur le résultat de la primaire populaire. A droite, après une semaine plutôt calme pour Valérie Pécresse, l’heure sera à la recherche d’un nouveau dynamisme, avant l’annonce prochaine d’une candidature d’Emmanuel Macron.